Axe de Recherche

Communiquer avec les dieux dans les mondes phéniciens et puniques

Il n’y a rien de banal dans la communication entre les hommes et les dieux. C’est une activité qui peut engager une communauté tout entière, ou des groupes, voire des individus et qui vise à obtenir des bénéfices de nature très variée : la santé, la protection, la prospérité, une victoire, une bonne récolte, une traversée en mer sans incident, une descendance, un sort post mortem satisfaisant… L’issue des interactions avec les dieux n’est cependant jamais garantie ; incertaines, elles peuvent comporter une prise de risque et supposent dès lors de suivre des procédures. Pour communiquer avec les dieux, on mobilise des espace-temps donnés et des objets spécifiques ; on prononce des mots ou des formules, parfois même on recourt à un langage particulier, voire au silence ; on analyse des signes qui sont censés exprimer la volonté des dieux ; on fait appel à des opérateurs rituels, des spécialistes fabriquant des objets et des images, manipulant des produits, rédigeant des textes, interprétant les signes ou découpant des animaux. L’ensemble de ces pratiques, riches, diversifiées, complexes font de la communication avec les dieux un moment crucial de la vie sociale où de multiples stratégies se déploient. La communication avec les dieux relève aussi d’un régime de sensorialité particulier, entre climax sensoriel (lumières, parfums, musiques et cris…) et privation sensorielle (obscurité, silence…). Qu’il s’agisse de sacrifices ou de prières, de divination ou de fêtes, les modes de communication avec les dieux informent également sur les représentations du divin et les configurations des panthéons, offrant ainsi un observatoire privilégié sur les dynamiques religieuses. Ces différents axes se prêtent à une approche disciplinaire ou interdisciplinaire, sur des échelles de temps variables qui vont de l’événement à la longue durée. Historiens, archéologues, philologues, numismates et historiens de l’art pourront aisément dialoguer autour d’un objet d’études qui favorisera aussi les comparaisons entre les pratiques phéniciennes et puniques et celles d’autres cultures : égyptienne, mésopotamienne, grecque, romaine, libyque… afin de repérer d’éventuels emprunts ou influences, formes d’hybridation et de transferts. Enfin, on pourra de la sorte s’intéresser à quelques courants récents de la recherche, autour des questions de sensorialité des rituels, d’archéologie des rituels et des paysages religieux, de pratiques onomastiques divines et de « lived ancient religion ». Sur trois ans, on propose d’explorer la question selon cinq thèmes. Calendrier: Trois réunions sont prévues pour la bonne marche de l’axe ( selon les collaborateurs étrangers interviendront en cas de besoin via la technique du zoom) - Echéancier de mise en œuvre du projet 1ère année : Les acteurs de la communication avec les dieux : prêtres, « magiciens », devins, prophètes, hommes politiques, chefs militaires et soldats, diplomates, hommes et femmes, familles, étrangers, esclaves, commerçants, artistes… - 2ème année : Les objets de la communication avec les dieux : images, statues, stèles, animaux, végétaux, défixions, instruments musicaux, bijoux 3ème année : Les occasions de la communication : naissance et mort, voyages, fêtes civiques, justice, campagnes militaires, épidémies, catastrophes naturelles, traités… 4éme année : Les langages de la communication : signes divins, prières, formules, noms, chants, hymnes… Publication des travaux.