Axe de Recherche

Documents et méthodes pour l’étude de l’Islam médiéval

Section 1

Argumentaire

Le programme de recherche Documents et méthodes pour l’étude de l’Islam médiéval est un programme pluridisciplinaire qui réunit historiens, numismates, archéologues, papyrologues et épigraphistes autour de la thématique de constitution de corpus documentaires et d’approches historiographiques nouvelles pour l’étude de l’Islam médiéval (VIIe-XVIe siècle). Ce programme est destiné en premier chef aux étudiants de Master et aux doctorants dans le but de les initier à la méthode de recherche historique. Par extension, le programme ambitionne de créer une synergie entre différents spécialistes de l’Islam médiéval, une plateforme de travail et de recherches sur trois thématiques développées ci-dessous. Le plan de travail est fondé sur des séminaires mensuels (matinée et après-midi) dans lesquels interviennent, à chaque fois, deux chercheurs autour de la thématique retenue. Les matinées sont consacrées à des présentations générales de la question proposées, suivies d’un débat avec les participants. Les après-midis sont réservés à des ateliers de travail avec les étudiants autour de documents et textes pour mettre en pratique la méthode d’analyse proposée dans les interventions matinales. Chaque axe fera l’objet, à la fin de l’année universitaire, d’une journée d’études proposée par l’équipe du programme et fera l’objet d’une publication synthétique sur le blog du laboratoire.

1. L’historien de l’Islam médiéval et la constitution des corpus documentaires : éléments de méthode (2022-2023) Le premier axe de ce programme a été développé au cours de l’année 2022-2023. Il a été consacré à initier les étudiants aux méthodes de travail des historiens dans le domaine de la constitution des corpus documentaires. Pour ces besoins, sept séminaires ont été proposés, couvrant la majeure partie des domaines de recherche de l’historien de l’Islam médiéval : - Lotfi Abdeljaoued & Mohamed Ghodhbane, Épigraphie et numismatique islamiques - Hayet Amamoou, Farouk Bouaziz et Houneida Hafsa, Méthodes et Approches des sources classiques arabes et les documents papyrologiques. - Sylvie Denoix & Emmanuelle Tixier, Géographie et cartographie de l’Islam médiéval - Nader Hammami & Asma Helali, Le texte coranique : histoire d’une discipline, approches plurielles - Mohamed Benabbès & Sobhi Bouderbala, L’étude de l’Islam médiéval à l’ère du numérique - Anas Ghrab & Alaa Talbi, Les manuscrits islamiques médiévaux : de la codicologie à la digitalisation - Julien Loiseau & Khaled Younès, La papyrologie arabe et l’étude des sociétés islamiques médiévales 2. Les pratiques de chancellerie dans l’Islam médiéval : corpus textuels et méthodes d’analyse (2023-2024) Le deuxième axe sera consacré à la question des pratiques scripturaires développées par les chancelleries islamiques à l’époque médiévale. L’accent sera mis dans un premier temps à la constitution de corpus documentaires relatifs aux pratiques de chancellerie (documents de la pratique, épîtres rédigés par les chefs de chancellerie, littérature de adab al-kātib, manuels de chancelleries etc.). Dans un deuxième temps, il s’agira de proposer, à partir de cas pratiques et régionaux, les caractéristiques des procédures chancelières en Islam, des outils linguistiques et logistiques mobilisés par les chancelleries dans l’émission des documents politiques, diplomatiques et administratifs. 3. L’esclavage dans l’Islam médiéval : réseaux commerciaux et procédures juridiques (2024-2025) Le troisième axe de ce programme aura pour objet de recherche l’esclavage dans l’Islam médiéval, en mettant l’accent sur deux problématiques essentielles. D’abord, les réseaux commerciaux relatifs à l’esclavage, en étudiant de près les acteurs de ce commerce, l’établissement de marchés aux esclaves et la question de la demande (qu’elle soit publique ou privée) qui nourrissait ce commerce. Si plusieurs travaux récents ont mis au jour les dynamiques commerciales concernant l’esclavage noir (Nubie, Éthiopie, Bilād al-Sūdān et Bilād al-Zanj), d’autres réseaux méritent un examen approfondi, notamment l’esclavage des Berbères (à partir de la fin du Ier/VIIe siècle). Quelques documents de la pratique (actes de vente d’esclaves, lettres commerciales ou encore pétitions) pourraient fournir des jalons pour une meilleure analyse de cet important secteur économique de l’Islam médiéval. Ensuite, une attention particulière sera accordée aux préceptes juridiques mises en place d’abord par les autorités islamiques, ensuite par les juristes, pour normaliser les pratiques liées à l’esclavage. Documents de la pratique (actes d’affranchissement, de mukātaba ou encore de tadbīr) et ouvrages juridiques nécessitent une lecture croisée et comparée en vue de comprendre les modalités juridiques développées en Islam pour encadrer l’institution de l’esclavage et les enjeux socioreligieux qui parcourent les efforts de normalisation de ces pratiques (notamment la question de l’affranchissement et, plus généralement, de la place de l’esclave dans la sphère islamique). 4. Un Islam des loisirs : approches d’histoire sociale (2025- 2026) Très peu d’études s’intéressent à l’histoire des loisirs dans l’Islam médiéval, qu’ils soient licites ou illicites (selon la norme religieuse). Dans cet axe, l’idée centrale est d’approcher un secteur de la vie des sociétés islamiques médiévales qui se fait très discret dans les sources. L’accent sera mis sur les jeux pratiqués dans ces sociétés (équestres, échecs…), le monde de la musique et de la poésie et enfin le monde de la nuit (danse, tavernes…) afin de produire des études sur la manière dont les sociétés islamiques se divertissaient, mais surtout sur la perception du loisir en Islam (entre pratiques et normes). Pour ce faire, une première partie de cet axe sera consacrée à la réunion d’une matière documentaire relative à cette dimension socioculturelle en Islam et voir de quelle manière historiens et juristes médiévaux ont abordé la notion du loisir. Lors de cette étape, une attention particulière sera prêtée à l’iconographie (qu’elle soit monumentale comme dans le cadre des palais umayyades ou en miniature pour ce qui concerne les mansucrits) et aux ouvrages spécialisés (épîtres sur le jeu d’échecs, sur la musique, la danse ou les pratiques sexuelles). Dans un deuxième temps, les participants à ce programme seront invités à produire des études de cas sur les lieux publics et privés des loisirs, les actrices et acteurs de ce monde et leur rapport avec les pouvoirs publics (police, ḥisba, cadis…)